· 

Allemagne

Image provenant de l'histoire de Carl  Barks, "A la recherche de la pierre philosophale", dont une partie se déroule en Allemagne.

L'Allemagne et un pays novateur dans la façon de vivre la passion pour les Ducks. Les allemands défendent le "pur donaldisme" et croient en l'existence du monde conté par Barks. Les ventes des numéros allemands ont dépassées plusieurs fois le million d'exemplaires depuis 70 ans. Et si les allemands sont passionnés, ils ne sont pas désorganisé ! Vous allez être stupéfiés ( et jaloux )  dans cet article ! À vos bretzels et bon voyage de l'autre côté du Rhein !

l'histoire des Bandes-dessinées

La société d'édition Egmont Ehapa (officiellement appelée Egmont Ehapa Verlag GmbH) a été créé en 1951 en tant que subdivision du groupe de médias Egmont. Cette société va permettre de développer l'industrie de la bande-dessinée en Allemagne. Le pays est dévasté suite à la Seconde Guerre Mondiale : les villes sont rasées, la famine hante les allemands, et le moral est au plus bas...mais le pays s'américanise du côté Ouest (le côté Est étant " géré " par l'URSS, un régime dictatorial communiste). Cette " américanisation " apporte aux allemands, chewing gum, cigarettes, et musiques "yé-yé". Elle apporte donc aussi, en 1951, la bande-dessinée, Mickey et Donald ! Car si les américains aiment les super-héros, nous, on préfère des personnages plus posés pour oublier la guerre. 

ET c'est ainsi que sort en 1951, la première bande-dessinée Disney allemande, Micky Maus, ressemblant beaucoup au premier comics Disney américain, Walt Disney's comics and stories, sortie pour la première fois en 1941 (voir le premier article des " Ducks dans le monde "). C'est un succès ! D'autres magazines vont alors apparaitre comme " Die Tollsten geschichten von Donald Duck Sonderheft " en 1965, ou encore le "Lustiges Taschenbuch" en 1967.  

Puis en 1977, La " Deutsche Organisation Nichtkommerzieller Anhänger des Dauteren Donaldismus " (D.O.N.A.L.D.), qui peut se traduire par " Organisation allemande des adeptes non commerciaux du pur Donaldisme ", a été fondée à Hambourg. C'est ici, dans un musée, qu'une réunion des lecteurs de " Der Hamburger Donaldist ", publié par le musée, avait réfléchi à la fondation d'une organisation dans le but d'ancrer le Donaldisme comme une philosophie universelle dans la société. C'est maintenant l'organisation allemande de fans des Ducks la plus important d'Allemagne et même du monde ! ( On va y revenir à la fin de l'article avec une interview de la présidente de l'organisation ).

Dans les années 80 et 90, de nouvelles BD arrivent, le succès continue de croitre puis dans les années 2000 et 2010, un musée sur les Ducks naît en Allemagne ( on va aussi y revenir ).

PRINCIPALE DUCKS SÉRIES DE BANDES-DESSINÉES :

Micky Maus

 

Années actives :  1951 - présent

Nombre de numéros : 3200 numéros

 

 

Lancé en septembre 1951, le magazine Micky Maus maintient sa position de leader du marché grâce à des éditoriaux forts sur des sujets tels que l'environnement et aussi avec des choses innovantes. C'est Ehapa Verlag qui publie Micky Maus, le magazine Disney le plus vendu en Europe. Avec plus de 650 000 exemplaires vendus chaque semaine, et de vastes campagnes publicitaires soutenant les éditoriaux et les numéros hebdomadaires, le magazine est connu dans toute l'Allemagne. Depuis 1951, plus de 1 000 000 000 d'exemplaires de Micky Maus ont été vendus, ce qui constitue (selon le site Web d'Ehapa) un record mondial sur le marché des magazines de bande dessinée. Le magazine a atteint la barre du million à plusieurs reprises. Dans la semaine du 18 février 1993, il l'a fait à nouveau. Le thème de ce numéro était le populaire détective Mickey. C'était la deuxième fois dans l'histoire qu'Ehapa vendait un million d'exemplaires d'un même numéro. Les deux fois, les magazines avaient pour thème le détective Mickey.

Ces dernières années, Mickey Maus a créé de nombreux numéros spéciaux sur des thèmes environnementaux tels que les dauphins, les baleines, les phoques du Groenland, la déforestation et la forêt tropicale. Dans l'un des numéros, les employés d'Ehapa plantaient 100 000 arbres pour reboiser une zone en Allemagne. La forêt tropicale a été un sujet majeur dans plusieurs numéros, à commencer par celui de 1993 où les lecteurs d'Ehapa ont écrit pour soutenir l'achat de 1,7 million de mètres carrés de forêt tropicale dans le cadre du projet El Dorado visant à sauver la forêt tropicale.

Lustiges Taschenbuch

 

Années actives :  1967- présent

Nombre de numéros : 500 numéros

 

La maison d'édition "Ehapa" de l'époque a tenté de s'implanter sur le marché italien, où les bandes dessinées Disney en livre de poche se vendaient déjà bien depuis longtemps, en publiant le premier "Funny Paperback" ( livre de poche drôle ). À l'époque, la longueur des histoires était toujours liée à la taille des numéros ; le livre de poche humoristique offrait désormais la possibilité de raconter des histoires plus longues. Une énorme production se développe en Italie, où sont créées parfois la moitié de toutes les bandes dessinées écrites et dessinées en Europe.

 

L'arrivée d'histoires plus longues s'inscrit dans la tradition des anciennes histoires d'aventures du dessinateur Floyd Gottfredson, qui avait inventé le genre dans les années 1930.  Les histoires principales de ces publications sont liées entre elles par des préquelles et des épisodes interstitiels. À quelques exceptions près, chacun de ces livres se situent soit entièrement dans l'univers de Mickey Mouse, soit dans celui de Donald Duck. Depuis le tome 80, les histoires sont généralement déconnectées les unes des autres, et ne sont parfois plus liées à un univers, même au sein d'un seul tome.

 

Le format des bandes dessinées est dit à trois lignes - il y a trois bandes par page, sauf si des images plus grandes ou plus petites sont utilisées, ce qui est plus souvent le cas dans les volumes les plus récents qu'auparavant. Depuis 1987 (volume 119), les volumes sont entièrement en couleur, alors qu'auparavant, seule une double page sur deux était imprimée en couleur.

 

Jusqu'au volume 166, les Lustige Taschenbücher ont été imprimés en Italie par la maison d'édition Mondadori. Depuis le volume 167 (1992), ils sont produits par GGP-Media en Allemagne, à Pößneck, en Thuringe.

 

Puis une version anglaise de Lustiges Taschenbuch a été lancée en juillet 2009 et présente des histoires précédemment imprimées dans les populaires livres de poche allemands.

Le rédacteur en chef, Peter Hoepfner, a déclaré qu'ils publient la nouvelle édition anglaise de Lustiges Taschenbuch parce que l'anglais devient de plus en plus important et qu'il est enseigné dès l'école maternelle et élémentaire et, deuxièmement, parce que l'accès à l'apprentissage d'une autre langue devient plus facile dans les bandes dessinées lorsque les mots et les images sont combinés.

Il y a également des hors-série sortant régulièrement depuis 1997.

Donald Duck

 

Première série :

Années actives :  1974 - 1998

Nombre de numéros : 529 numéros

 

Seconde série :

Années actives :  1999 - 2000

Nombre de numéros : 19 numéros

 

Troisième série :

Années actives :  2010 - présent

Nombre de numéros : 72 numéros

 

En 1974, une série de livres de poche de 96 pages (100 pages avec la couverture) appelée Donald Duck, présentant principalement des histoires codées en I (italien), a été lancée.  Elle a été publiée mensuellement, puis bimestriellement, et enfin mensuellement à nouveau.

La couverture avant présente toujours une belle couverture Egmont, comme celle de gauche, et la couverture arrière est utilisée pour promouvoir le numéro suivant, en montrant quelques panneaux et autres illustrations des histoires à venir.

 

En 1997, la mise en page de Donald Duck Digest a subi quelques changements spectaculaires. Le nouveau format est légèrement plus grand que l'ancien et possède désormais une couverture plus dure. L'intérieur du magazine est resté le même. On ignore pourquoi la mise en page du titre a été modifiée, car elle a toujours été très populaire. 

Mais en 1998, tout s'arrête...les ventes du livre de poche ayant chuté.

 

Un nouveau lancement a été tenté en janvier 1999, pour coïncider avec le 65e anniversaire de Donald. Ils ont essayé d'attirer l'attention avec un design plus accrocheur des couvertures et des dernières pages. Les jeunes lecteurs devaient également être attirés par des pages éditoriales supplémentaires. Enfin, les bandes dessinées basées sur les séries télévisées Darkwing Duck, Dingo & Max et La Bande à Picsou étaient censées attirer une clientèle similaire à celle du passé.

 

Cependant, le projet a échoué et a été abandonné après 19 numéros. Ce n'est qu'en juin 2010 qu'une série plus mince de livres de poche a repris en Allemagne avec Donald Duck & Co.

Die Tollsten geschichten von Donald Duck Sonderheft

 

Années actives :  1965- présent

Nombre de numéros : 200 numéros

 

Le titre complet de cette série est "Die Tollsten Geschichten von Donald Duck Sonderheft" ("Les plus belles histoires de Donald Duck").

Ce magazine mensuel divertit les enfants et les jeunes adultes avec des histoires comiques et des éditoriaux. À partir du numéro 171 ( premier numéro en 2001 ), le lettrage et la compilation des histoires ont été modifiés et ciblent un lectorat de collectionneurs plus orienté vers la qualité. C'est un livre au format bande dessinée avec plus de pages que l'hebdomadaire Disney typique. Pendant un temps, il a publié exclusivement Barks, maintenant mélangé avec d'autres histoires de Duck.

 

Le premier numéro a été publié en novembre 1965. Au début, il était publié fréquemment, puis tous les trois mois et aujourd'hui tous les deux mois.

 

Les numéros ne sont pas comptés avec une date particulière, mais avec un nombre croissant qui a commencé en 1965 avec le numéro 1.

LES COURTES SÉRIES DE BD :

Onkel Dagobert

 

Première série :

Années actives :  1987- 1993

Nombre de numéros : 82 numéros

 

Deuxième série :

Années actives :  1997- 2007

Nombre de numéros : 32 numéros

 

De 1987 à 1993, Ehapa Verlag a publié 82 numéros d'Onkel Dagobert ("Oncle Picsou"), une bande dessinée  contenant des histoires italiennes.

Le dos de chaque numéro contenait un aperçu du numéro suivant, avec plusieurs panneaux de l'histoire d'ouverture.

Suite à des problèmes de ventes, la série s'arrête en 1993 pour ensuite ressortir en 1997 afin de publier la jeunesse de Picsou puis les histoires de Don Rosa.

Chaque livre comprenait deux à cinq histoires de l'artiste, selon la longueur de chacune d'entre elles.

 

Chaque histoire était introduite par un article d'une page sur l'histoire que Rosa a écrit spécifiquement pour chacun de ces albums allemands, ce qui en fait une série unique. 

U.F.F

 

Années actives :  1996- 1998

Nombre de numéros : 18 numéros

 

 

U.F.F. a été lancée en octobre 1996 et annulée après 18 numéros en mai 1998.

La série était basée sur la série populaire des Castors Juniors, lancée à l'origine en Italie (Giovani Marmotte) par The Walt Disney Company Italy.

 

Après un lancement réussi en Italie, le concept du magazine a été repris par Egmont et introduit dans plusieurs autres pays européens, comme la Norvège ( Hakkespett Komandoen ), l'Allemagne (UFF) et la Suède ( Gröngölingspatrullen ).

 

Le magazine contenait des histoires de bandes dessinées produites en Italie, mettant en scène Riri, Fifi et Loulou comme Castors Juniors. Chaque mois, il contenait plusieurs pages d'informations pour les enfants sur la façon d'être créatif et de survivre dans les bois.

 

Afin de souligner les qualités attachantes et les bonnes actions des castors d'Italie, les artistes de l'Accademia Disney ont créé de nombreux méchants, mettant ainsi en avant le côté héroïque des Castors Juniors et offre, par la même occasion plus d'actions et de tensions dans leurs aventures.

Abenteuer aus Onkel Dagoberts Schatztruhe

 

Années actives :  1983- 1988

Nombre de numéros : 6 numéros

 

Comme dans la plupart des aventures classiques de Carl Barks, les personnages principaux de cette publication sont exclusivement Picsou, Donald et les neveux. D'autres personnages de l'univers de la bande dessinée de Donaldville sont totalement absents ou, comme Géo Trouvetou, ne font que des apparitions épisodiques. En revanche, presque chaque volume présente un ou plusieurs personnages qui n'apparaissent jamais ou ne sont plus mentionnés en dehors de ce volume.

 

La caractérisation des personnages principaux diffère de celle de Barks, semble plus inspirée, par exemple, de Guido Martina. En gros, il faut dire que la série est très auto-ironique : on trouve sans arrêt des phrases comme "Dès le début, on est parti !" ou "Ça fait des pages qu'on est sur la route !", ainsi que du latin scolaire. Cette auto-ironie est poussée à l'extrême avec la caractérisation des personnages.

 

L'oncle Picsou apparaît comme une parodie de magnat bien-pensant et insensible, mais d'un autre côté, il est souvent très enfantin et agressif. On en voit un bon exemple dans "L'or blanc du Cervin", où, par pure méchanceté, il malmène vicieusement un hôtel japonais qui lui a pris le meilleur terrain pour sa laiterie, avec des autorisations douteuses. Dans d'autres histoires aussi, ses plans semblent souvent douteux et ne s'expliquent probablement que par une obstination presque enfantine et un ego démesuré mais peu intelligent. L'oncle Picsou, par exemple, se laisse plus souvent séduire par les escrocs, ignorant même les avertissements les plus urgents et envoyant ses neveux, en particulier Donald, en danger de mort, ne se souciant que de l'argent ou du trésor à trouver. Il exploite Donald jusqu'aux dents ( et lui refuse même des dettes qu'il doit à son neveu ), ce qui est souligné graphiquement par le visage de Picsou qui sourit souvent sournoisement.

 

Donald est, à première vue, la victime dans cette publication, repartant toujours les mains vides ou devant effectuer des services d'esclave à la fin. Cependant, il faut dire que Donald n'est pas non plus une figure sympathique, mais que, comme Picsou, il y cherche son propre avantage, même si c'est aux dépens de son oncle. De plus, Donald a un penchant pour la jubilation et s'en prend toujours verbalement à son oncle lorsqu'il est déjà battu, ce qui ne le rend pas plus sympathique que Picsou.

 

Riri, Fifi et Loulou sont les personnages les plus sensés des albums. Ils tirent les bonnes conclusions, perçoivent les personnes ainsi que les situations les plus délicates et peuvent généralement aider à résoudre les problèmes assez tôt,  avec l'aide aussi de leur manuel. Cependant, non seulement ils ne sont pas pris au sérieux, mais ils manquent également d'assurance pour dire à leurs oncles ce qu'ils pensent. Ainsi, ils se contentent le plus souvent de commentaires ironiques. Ils ont, eux aussi, leurs côtés négatifs dans cette série d'albums : On constate qu'ils préfèrent toujours l'aventure à la morale, même aux dépens de leur oncle Donald, pour lequel ils ne font le plus souvent que ricaner en fin de compte. 


L'histoire D'un Succès : Erika fuchs ( 1906-2005 )

L'une des principales raisons de la popularité des Ducks en Allemagne est que, par exemple,  Donald Duck, en allemand est nettement différent de Donald Duck en anglais ou francais. Cela est dû à Erika Fuchs ( 1906-2005, née Johanna Theodolinde Erika Petri ), qui a commencé à traduire les bandes dessinées Disney en allemand en 1951. Elle a donné au Donald allemand un peu plus de polissage que le canard américain original. Fuchs a traduit assez librement l'anglais original, mettant souvent un allemand plus littéraire dans la bouche de Donald, créant même des dictons populaires que de nombreux Allemands connaissent aujourd'hui. Elle a fait couiner Donald en allemand jusqu'à sa retraite en 1988. Fuchs avait déménagé à

( Erika Fuchs à droite, à côté de Carl Barks, sur la photo )

 

Schwarzenbach pour son mari Günter. Il était ingénieur là-bas. Elle ne pouvait rien faire de sa formation d'historienne de l'art. Elle a alors rapidement commencé à traduire de la littérature anglaise en allemand en tant qu'emploi occasionnel, notamment pour le Reader's Digest. À un moment donné, dans leur maison d'édition, elle a rencontré le directeur de la maison d'édition Ehapa nouvellement fondée.

Il lui a suggéré de traduire de nouveaux documents : des histoires illustrées et colorées dans lesquelles des canards et des souris se parlent à travers des bulles. Erika Fuchs a refusé, horrifiée, mais elle a tout de même emporté quelques exemplaires de la BD chez elle. C'est là qu'elle s'est prise d'affection pour Mickey, Donald & Co. et bientôt son nom figurera en tête de chaque numéro allemands du magazine Micky Maus jusqu'en 1988.

 

"Ses interprétations des bandes dessinées citent (et citent mal) souvent les grands classiques de la littérature allemande, insérant même parfois des sous-textes politiques dans les contes de canards. La Dr Fuchs épaissit et approfondit les dialogues souvent clairsemés de M. Barks, et le caractère hilarant du résultat peut expliquer pourquoi Donald Duck reste à ce jour la bande dessinée pour enfants la plus populaire en Allemagne." - extrait du Wall Street Journal, 23 mai 2009, Why Donald Duck is the Jerry Lewis of Germany

 Dans l'Allemagne d'après-guerre, les bandes dessinées sont considérées comme une importation américaine trash et une mauvaise influence sur la jeunesse. Lorsqu'elle a publié les premières bandes dessinées Donald Duck et Disney en Allemagne en 1951, la maison d'édition Egmont Ehapa (alors Ehapa Verlag) a voulu contrer cette attitude. Les traductions allemandes intelligentes de Fuchs ont contribué à rendre Donald populaire auprès des enfants allemands - et plus tard des adultes. Aujourd'hui, la moitié des lecteurs allemands ont plus de 16 ans. Les plus de 25 ans constituent le noyau dur du lectorat, et ils prennent Donald très au sérieux. 

 

 Fuchs n'a jamais traduit littéralement, mais s'est plutôt inspiré de l'original anglais. Elle a saupoudré le canard de citations classiques, de Schiller à Bizet, faisant par exemple dire à Donald : "Comme la nature brille pour moi" et citant en passant la première ligne du "May Day" de Goethe. La phrase culte "Dem Ingenör ist nicht zu schwör" ( "Vous ne pouvez pas jurer par l'ingénieur" ) est également une invention d'Erika Fuchs.  Et l'hymne de Riri, Fifi et Loulou, soit dit en passant - est également à mettre à son crédit poétique :

"Nous ne nous soucions pas de la pommade, /

Savon, peigne et éponge, /

nous préférons rester sales /

et se rouler dans la boue."

De telles lignes étaient désapprouvées par de nombreux parents allemands dans les années 1960, mais parmi les enfants de l'après-guerre, le génie linguistique de Fuchs a rendu la bande dessinée d'autant plus populaire.

 

Fuchs a inventé des mots artificiels et même une nouvelle forme de verbe, l'inflectif, également appelé éricatif en l'honneur du traducteur. Donc, si vous aimez dire "Grübel", "Ächz" ou "Schnief", vous pouvez remercier Fuchs d'avoir élargi la langue allemande. Son Donaldville est un topos culte à part entière.

Fuchs est décédé à Munich en 2005 à l'âge de 98 ans. La maison Erika Fuchs de Schwarzenbach rend désormais hommage à la vie et à l'œuvre de la grande traductrice de Disney. Des manuscrits, sa machine à écrire et son carnet de notes donnent un aperçu des méthodes de travail de Fuchs. Il apparaît clairement à quel point elle était méticuleuse et perfectionniste dans ses traductions. Elle modifiait souvent les bulles des canards comiques jusqu'à dix fois avant d'être satisfaite.

Le nouveau musée "Erika Fuchs" a coûté cinq millions d'euros, et la ville et les conservateurs espèrent maintenant que le plus grand nombre possible de fans de Donald se rendront à Donaldville, en Haute-Franconie.

Dans le musée, un "générateur de mots" invite les visiteurs à inventer leurs propres monstruosités verbales fuchsiennes.

Dans une autre partie du musée, les designers et fabricants ont recréé Donaldville. Le plus grand espace est occupé par la coffre à billets de Picsou, où les visiteurs peuvent se plonger dans une mer de billets du capitaliste comique. On peut également visiter les maisons de Donald et Géo Trouvetou. À découvrir si vous aimez l'Allemagne !

interview de Susanne Luber Présidente de la D.O.N.A.L.D  ( ALlemagne )

1. pouvez-vous vous présenter ? 

 

Je m'appelle Susanne Luber, je suis née en 1951 et j'aime les histoires de Donald Duck depuis mon enfance. Déjà enfant, j'ai remarqué que certaines histoires sont mieux dessinées et mieux racontées que d'autres. Bien plus tard, j'ai appris que toutes ces histoires étaient de Carl Barks. Quand j'étais étudiante à l'université, dans les années 1970, il était devenu à la mode parmi les intellectuels de lire des bandes dessinées. C'est là que j'ai redécouvert les vieilles histoires de Donald Duck. En 1990, je suis devenu membre de la D.O.N.A.L.D. J'ai assisté à des conventions et j'ai été émerveillé par le dévouement, les connaissances, l'esprit et l'humour de nombreux Donaldistes. J'ai beaucoup appris depuis. En 2011, j'ai publié mon premier article dans le magazine "The Donaldist" (sur les relations entre les sexes à Donaldville). Et depuis 2019, je suis "présidente" de la D.O.N.A.L.D.

 

2. Qu'est-ce que la D.O.N.A.L.D. ? 

 

Ce n'est pas facile à expliquer. La "German Organization of Non-Commercial Supporters of Loud Donaldism" (D.O.N.A.L.D.) a été fondée en 1977. Au début, c'était un amusement intelligent qui avait beaucoup à voir avec l'époque. Le mouvement étudiant a changé la société non seulement sur le plan politique mais aussi sur le plan culturel, tout comme en France. Les jeunes ne font plus de distinction entre la culture "supérieure" et la "culture de divertissement" (en allemand E- et U-culture). La musique pop est désormais considérée comme égale à la musique classique, la littérature pop et la littérature triviale sont prises au sérieux, les bandes dessinées ne sont plus considérées comme "inférieures" ou "poubelles" mais comme une forme d'art à part entière. Dès le début, le D.O.N.A.L.D. a été consacré aux histoires de Donald Duck de Carl Barks dans la traduction allemande d'Erika Fuchs. Il en est resté ainsi jusqu'à aujourd'hui. Nous ne nous occupons pas des autres dessinateurs de Duck et des histoires de Duck, tout au plus de Don Rosa. Au début, personne n'aurait pensé que D.O.N.A.L.D. existerait pendant plus de quatre décennies. Mais elle a grandi et prospéré, et elle existe toujours aujourd'hui - avec actuellement environ 1 100 membres, sa propre revue, un congrès annuel, divers autres événements et une discussion très animée. L'idée originale de ne prendre au sérieux que les histoires de Barks et Fuchs est restée. Même aujourd'hui - 44 ans après la fondation de la D.O.N.A.L.D. - il y a toujours de nouveaux résultats de recherches Donaldistes sur Donaldville, exclusivement basés sur les histoires de Barks. Les Donaldistes supposent donc que ces histoires ne sont pas de la littérature comique, mais que Barks rend compte d'un Donaldville réellement existant. Nous croyons que Donaldville existe et que les rapports de Carl Barks sont la seule source fiable, "vraie", à partir de laquelle nous apprenons quelque chose sur ce monde.

 

C'est pourquoi nous ne nous appelons pas "fans" mais "Donaldistes", c'est-à-dire des chercheurs de l'univers de Donaldville. Nous essayons d'explorer le monde de Donaldville avec des méthodes scientifiques de différentes disciplines (sciences naturelles, sociologiques, médicales, psychologiques, philologiques et autres). Pour certains, cela semble être "typiquement allemand". Les Allemands prennent toujours tout terriblement au sérieux ! C'est peut-être un peu vrai. Mais en même temps, c'est très amusant. Nous nous prenons à moitié au sérieux et à moitié de façon amusante/satirique. Le Donaldisme est à la fois amusant et sérieux, ce qui n'est pas du tout typique de l'Allemagne. 

 

3. Qu'est-ce que le "pur Donaldisme" pour vous ? 

 

Le "pur donaldisme" n'est pas clairement défini. Le mot allemand "lauter" est un mot de la langue supérieure. Il signifie également "massif, de part en part, pur". Concrètement, il s'agit de se concentrer sur les rapports de Carl Barks et d'Erika Fuchs, tout en faisant preuve de clarté, de probité et d'honnêteté dans l'analyse des rapports de Donaldville. Une conférence Donaldiste doit toujours être méthodologiquement et logiquement irréprochable. Sinon, les critiques seront sévères. La filature n'est pas autorisée. "Fort" signifie aussi que les

( réunion à la D.O.N.A.L.D )

 

Donaldistes aiment et adorent Donald Duck et les histoires de Donald de Barks et Fox de tout leur cœur pur.

 

4. Comment expliquez-vous la popularité des canards en Allemagne et de la D.O.N.A.L.D. ? 

 

Cela a peut-être à voir avec ce que j'ai appelé "typiquement allemand". Prendre une chose au sérieux et l'approfondir, en discuter et en débattre sans fin et la voir encore et encore sous de nouvelles perspectives. Je pense qu'il est également important d'avoir une conscience de la qualité. Barks et Fuchs ont livré une qualité de premier ordre, tant en dessin qu'en littérature. De nombreux Donaldistes allemands considèrent que toutes les autres histoires de canards, en particulier celles d'Italie, sont inférieures. Mais en fait, je ne sais pas pourquoi le Donaldisme est si populaire, surtout en Allemagne. En Autriche aussi, d'ailleurs. Le mot "allemand" dans le nom du D.O.N.A.L.D. ne signifie pas "Allemagne", mais "germanophone". Nous avons beaucoup d'Autrichiens dans nos rangs, ainsi que des Suisses germanophones. 

 

5 Pensez-vous qu'une organisation de fans comme la vôtre puisse exister en dehors de l'Allemagne ? 

 

Oui, bien sûr. Les racines du Donaldisme se trouvent en Scandinavie. En 1973, le livre "Donaldisms" de la Norvégienne Joan Aarstein Gisle est publié à Oslo. En Allemagne, une très bonne satire scientifique, "Die Ducks : Psychogramm einer Sippe", a été publiée en 1970. Tous deux ont constitué le "big bang" du Donaldisme, non seulement en Allemagne, mais aussi en Norvège, au Danemark, en Suède et en Finlande. Aujourd'hui, il existe des organisations Donaldistes plus importantes en Allemagne, au Danemark et en Suède. Ils diffèrent les uns des autres par leur contenu, mais leur héros commun est Donald Duck. De même, l'appréciation de Carl Barks comme le dessinateur de canards le plus important et le plus significatif est seule commune. 

 

Kind regards - best regards - meilleures salutations, Susanne Luber Présidente de la D.O.N.A.L.D

 

 

 

 

 

Henriques Diego

Écrire commentaire

Commentaires: 1
  • #1

    Winry38 (samedi, 10 juillet 2021 11:47)

    Fantastique article, merci beaucoup !