Traduction réalisée par le site Duckfans

Picsou, c'est la nostalgie de l'enfance, l'insouciance et l'aventure. On s'est tous amusé lorsque le vieil avare fraudait les impôts...
Mais 1991 va changer notre idée du personnage. Un fanzine allemand avait demandé à  différents auteurs d'imaginer la mort de Picsou en un seul dessin... la plupart étaient humoristiques mais Don Rosa, en vogue à l'époque, fait un dessin sérieux. L'image parle évidemment d'elle même mais un détail attire notre attention : 《 1867 - 1967 》. Le canard a donc vécu 100 ans. La raison de cette date, la plus connue, est la retraite de Carl Barks en 1967, la fin d'une époque merveilleuse d'après guerre pour beaucoup.

Mais est-ce ça qui rend sa mort si iconique ?  Un tel personnage ne peut pas mourir d'une seule retraite ? La vraie raison n'est pas là. Elle est à la base de son œuvre.

Pourquoi faire un dessin sérieux et réaliste de sa mort ? La réponse sera donné la même année. En effet, durant 3 ans, de 1991 à 1993, Don Rosa réalise la jeunesse de Picsou, un récit en douze épisodes contant les jeunes années du "boss de Donaldville", de ses 10 ans à sa "mort" en 1967. Le récit est puissant, humoristique parfois, mais laissant vite place à l'émotion. Le jeune Balthazar y découvre l'amitié, la peur, l'angoisse et la mort. Ces péripéties nous font découvrir de nouveaux personnages, avec les parents de Picsou, ses soeurs... on peut aussi mieux comprendre le caractère de Picsou. 

Son histoire nous a tous touchés. Jamais un auteur Disney n'était allé aussi loin dans la profondeur d'un personnage de la firme. Et deux cases nous ont marqué ! La première se situe au Yukon, Picsou attaché sur un bateau et menacé par des jaloux, apprend la mort de sa mère ce qui le mettra dans une profonde douleur. La scène est dotant plus tragique que celui qui lui l'a annoncé, Soapy Slick, est d'une froideur cruelle et rare chez l'être humain. Et c'est à son retour chez sa famille, dans un chateau en Ecosse, que Picsou, dans une scène tragique, se recueille sur la tombe de sa mère.

Durant leur histoire, les comics Disney ont toujours publié des histoires " cartoons ", les personnages se prennent des boulets de canons, des pièges à loup, des enclumes ; puis s'en sortent indemnes à la case suivante. Don Rosa, lui, rend les personnages dans les histoires, réalistes. Picsou est immortel pour Disney; il est déjà mort pour Don. L'auteur, brise les codes. Il a toujours défendu son amour envers son homologue Carl Barks, mais cette fois-ci, il s'en est éloigné. Car si Carl Barks faisait des histoires défendant la prospérité d'après guerre, Don Rosa, lui, décide, dans la jeunesse de Picsou, de briser la joie des Trente Glorieuses en proposant une histoire sombre, mais réaliste. Alors, Balthazar Picsou ne peut mourir qu'en 1967, date clé, certes, mais date réaliste. 

Picsou est mort en 1967 pour Don, mais vivant pour Carl. 

Le combat est là entre les fans, faut-il choisir le bonheur infini et immortel des histoires de Picsou par Carl Barks, ou le réalisme de Don Rosa ?

Henriques Diego